Opérateurs mobiles de 4 à 3

Posté le : 3 juin 2014 par Fabrice Godeau Aucun commentaire

factures_operateursStéphane Richard PDG d’Orange, fraichement renouvelé, milite pour un marché à 3 opérateurs depuis de longs mois. Martin Bouygues, plus discret continue son lobbying auprès du ministre Montebourg, dans le but de vendre sa société à un prix maximum. La semaine dernière Stéphane Richard est allé plus loin et plus fort : pour lui le problème concerne BOUYGUES et doit être réglé de manière urgente.

- de forts investissements sont à prévoir pour permettre le très haut débit, l'investissement est évalué à 20-25 milliards d’euros, Cela concerne les opérateurs fixes, ça ne concerne pas Bouygues qui est essentiellement un opérateur mobile.
- la guerre des prix depuis l’arrivée de FREE a baissé les marges et les prix de 30% (les plus bas constatés en Europe ! COCORICO M. Montebourg, vous qui n'y êtes pour rien), alors que le mobile était la poule aux œufs d'or des opérateurs mobiles.
-le calendrier de restructuration s’accélère compte tenu de la nouvelle alliance Numéricable-SFR.

20-25 milliards pour financer le très haut débit : est-ce raisonnable de dépenser autant d'argent ?

1/3 sera dépensé dans les  grandes villes par les opérateurs, 1/3 pour les zones un peu moins denses, avec un co-financement public-privé, 1/3 dans les zones à très faible densité, financé essentiellement par l’Etat et les collectivités.

De nouvelles voix s’élèvent pour dénoncer le FTTH  (Fiber To The Home), dont nous serions les seuls adeptes au monde (dixit FREE). Une autre voie consiste en la complémentarité Cuivre-Fibre partout où c’est possible, en mettant en avant le VDSL2.

SCENARIO POUR PASSER A TROIS OPERATEURS MOBILES

FREE-BOUYGUES, historiquement le 1er

Le 1er scénario de restructuration est un rachat de Bouygues par Free. Les deux petits s’alliaient pour devenir plus gros et rivaliser avec les deux géants (ORANGE et SFR/NUMERICABLE). La complémentarité fixe-mobile des 2 "petits" opérateurs donne une vraie logique industrielle au projet. Mais il faut pour ça que les dirigeants des deux entreprises tombent d'accord sur un prix (Martin en voulait 8, Xavier était OK pour 5 Milliards d’euros).

ORANGE-BOUYGUES, le 2ème scénario

ORANGE entre dans la boucle et propose un 2ème scénario : une alliance ORANGE-BOUYGUES. La logique est moins bien définie : une forme capitalistique ou un partenariat industriel (partage des investissements) ? Quel est l’intérêt de Orange ? Faire monter les prix et les marges en passant de 4 à 3. Mais Bouygues a beaucoup de clients à bas prix, pas sûr qu'ils restent aux prix d'Orange. Et Orange n'a rien à gagner à conserver les clients de Bouygues aux mêmes prix. Se pose encore la question du prix. Orange, même si l'état est actionnaire principal, doit rendre des comptes à ses autres actionnaires, ça parait absurde que Orange paie plus cher que les 5 milliard proposés par Free.

BOUYGUES REPARTI EN 2 ?

ORANGE dit être intéressé par certains actifs : base clients, boutiques, un effectif plus jeune, des fréquences… Mais que faire des autres actifs (infrastructure réseau...) ? Le 3ème scénario serait alors une vente « par appartement », divisée entre ORANGE et FREE. C'est beaucoup plus probable que le deuxième scénario.

A propos de SFR-NUMERICABLE ?

La valorisation en bourse de SFR/Numéricable qui bat actuellement des records semble donner raison à VIVENDI  d’avoir privilégié ce scénario. De plus, le groupe est en négociation exclusive pour reprendre le MVNO VIRGIN mobile. Peu de chance alors de les voir candidat au rachat de BOUYGUES.

RACHAT PAR UN GROUPE ETRANGER

Enfin une dernière solution permettrait de rester à quatre opérateurs, serait le rachat par un groupe étranger. Ca peux intéresser beaucoup d'opérateurs étrangers de pénétrer le marché français du mobile. La encore, le nerf de la guerre est de s'entendre sur un prix. D'autant que M. Bouygues pense qu'il peux valoriser plus cher sa société si le marché mobile français repasse à 3 opérateurs plutôt que de rester à 4.

LES ASSOCIATIONS DE CONSOMMATEURS ONT PEUR D'UNE HAUSSE DES PRIX

L’ARCEP et les associations de consommateurs ne sont pas d'accord avec ces scénarios et redoutent qu’un retour à 3 opérateurs soit l’occasion de constater une nouvelle remonté des prix. La présence d’ILIAD (FREE) dans le trio restant ne suffit pas à les rassurer. On peux regretter que le gouvernement (M. Montebourg) ne soit qu'à l'écoute des besoins des opérateurs et pas, semble t'il, des consommateurs, ni de leurs associations. Sur ce sujet, je vous propose les deux articles précédents : interview  d’Alain Bazot et article de QueChoisir

Fabrice GODEAU

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